La taxe canine, une niche fiscale qui a les crocs

Ecrit par Graziella Dode
16 octobre 2024

Mise en place dans des pays qui ont eu du flair comme l’Allemagne ou la Suisse, la taxation des propriétaires de chiens pourrait rapporter croc.

De nombreuses questions se posent quant à l’instauration d’une taxe canine en France. Ainsi, pourquoi une telle taxe ne ciblerait-elle que les chiens ?

La France est un pays où les animaux, et en particulier les chiens, occupent une place importante dans les foyers. Pourtant, dans le cadre d’une réévaluation des politiques fiscales, l’idée d’introduire une taxe spécifique sur les chiens pourrait émerger comme un outil de régulation. Cette mesure, bien que controversée, mérite d’être explorée sous différents angles, en particulier en examinant ses avantages, ses inconvénients, ainsi que son impact potentiel sur le statut légal des animaux récemment amélioré par le Code civil.

Les avantages d’une taxe sur les chiens

  1. Financement des infrastructures publiques : Une taxe canine pourrait permettre de financer des infrastructures publiques dédiées aux animaux, telles que des parcs à chiens, des abris pour animaux ou encore des campagnes de stérilisation et de sensibilisation. Ce financement direct garantirait une meilleure prise en charge des besoins des chiens dans les villes et zones rurales, tout en réduisant les coûts pour les contribuables ne possédant pas d’animaux.
  1. Responsabilisation des propriétaires : Une telle taxe encouragerait également une plus grande responsabilité de la part des propriétaires. En imposant un coût supplémentaire, le gouvernement pourrait dissuader les personnes de prendre un chien sans bien réfléchir à l’engagement financier, émotionnel et temporel que cela représente. Cela pourrait avoir pour conséquence une baisse du nombre d’abandons de chiens, qui restent malheureusement fréquents en France.
  1. Régulation du nombre de chiens dans les zones urbaines : Dans les grandes villes, le nombre de chiens peut parfois poser problème en raison du manque d’espaces verts ou d’infrastructures adaptées. Une taxe pourrait ainsi limiter le nombre d’animaux domestiques dans les zones densément peuplées, réduisant les nuisances pour les autres résidents (bruits, déjections, etc.).

Les inconvénients d’une taxe canine

  1. Injustice sociale : L’un des principaux arguments contre une taxe sur les chiens est qu’elle pénaliserait les ménages les plus modestes. En effet, beaucoup de personnes à faible revenu possèdent des chiens par amour pour les animaux, pour la compagnie ou même pour des raisons de sécurité. Imposer une taxe sur ces animaux pourrait priver certains foyers vulnérables d’un lien émotionnel précieux et exacerber les inégalités sociales.
  1. Risque d’abandons en hausse : Bien qu’une taxe soit censée responsabiliser les propriétaires, elle pourrait également avoir l’effet inverse. Si certains foyers sont incapables de payer cette nouvelle charge, cela pourrait entraîner une recrudescence des abandons d’animaux dans les refuges ou, pire encore, dans les rues. Les associations de protection des animaux, déjà souvent débordées, pourraient alors se retrouver dans des situations critiques. La victime finale étant, à nouveau, l’animal.
  1. Impact sur l’économie des services animaliers : Les services liés aux animaux, tels que les vétérinaires, les pensions pour chiens, ou encore les éducateurs canins, pourraient subir un impact négatif. Si le nombre de propriétaires de chiens venait à diminuer en raison de la taxe, cela pourrait avoir un effet domino sur ces métiers, dont certains dépendent largement d’une clientèle canine.

Une mesure contraire à la législation récente relative aux droits des animaux

Enfin, l’introduction d’une taxe sur les chiens pourrait entrer en contradiction, notamment, avec la récente réforme législative visant à reconnaître le statut particulier des animaux.

En effet, l’article 515-14 du Code civil, adopté en 2015 (réforme issue de la loi n° 2015-177 du 16 février 2015), dispose que « les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité ».

Cette réforme a marqué une avancée majeure dans la considération des droits des animaux en France.

A Lille, le tribunal correctionnel s’est appuyé le 11 janvier 2024 sur ce nouveau statut pour reconnaître le préjudice animalier dans une affaire de sévices graves sur un chat.

En distinguant les animaux des simples objets ou biens meubles, le législateur a reconnu l’importance de leur bien-être et de leur protection.

Une taxe sur les chiens pourrait être perçue comme une régression dans cette reconnaissance, en traitant à nouveau les animaux comme des biens soumis à une fiscalité plutôt que comme des êtres vivants sensibles.

Cette approche pourrait être mal accueillie par les associations de défense des animaux et les citoyens qui pourraient l’analyser comme un retour en arrière face aux progrès réalisés en matière de droits et de protection des animaux.

Conclusion : taxe canine, idée qui a du mordant ou os à ronger ?

Si la taxation canine peut offrir certains avantages, notamment en matière de financement des infrastructures et de responsabilisation des propriétaires, elle présente aussi des risques importants, tels que l’injustice sociale, une augmentation potentielle des abandons et un impact négatif sur l’économie des services animaliers.

De plus, une telle mesure serait en contradiction avec les avancées récentes du droit français, qui reconnaissent les animaux comme des êtres vivants et sensibles.

Dans ce contexte, il semble donc peu probable qu’une taxe sur les chiens trouve un large soutien, tant parmi les citoyens que les associations de protection des animaux.

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